La convention de l’USF s’est tenue les 6-7 octobre à Lille. L’occasion de vérifier les migrations cloud et les orientations souhaitées par la communauté des utilisateurs SAP francophones.
Avec 1 410 visiteurs uniques, 6 conférences, 70 ateliers et 95 exposants, la convention 2021 de l’USF a fait salle comble, pratiquement au niveau d’une édition antérieure à la pandémie. Elle a surtout permis aux utilisateurs et à l’écosystème SAP de mener des échanges constructifs avec le premier éditeur européen de logiciels : « le monde a changé avec la crise sanitaire, SAP aussi, surtout depuis les acquisitions récentes de Recast.ai (chatbots), Contextor (RPA), Callidus Software (RH), Qualtrics et Emarsys (gestion de l’expérience client), » souligne Gianmaria Perancin, président de l’association professionnelle des utilisateurs francophones des solutions SAP et, chez EDF, directeur du centre de compétences SAP Utilities. Il considère cette croissance externe accélérée comme un recentrage vers l’IA et l’automatisation pour rendre plus efficaces les processus ERP.
Cas d’usage en maintenance préventive
Les industriels s’intéressent de plus en plus au portefeuille de logiciels SAP pour optimiser leurs processus robotiques : « Dans le suivi des composants d’une chaîne de production et pour améliorer la maintenance à l’aide de capteurs et d’objets connectés, un nombre croissant de données d’usure remontent vers le système SAP. Cela permet de déclencher le changement d’une pièce avant qu’elle ne tombe en panne et ne provoque une réaction en chaîne, » illustre-t-il.
Les cas d’usage se multiplient, incluant le retour de Saint-Gobain sur la solution business by design en mode SaaS. Le président de l’USF recommande néanmoins aux industriels de rester vigilants sur les aspects juridiques du contrat passé avec l’éditeur allemand. En effet, dans le domaine de l’IoT, la donnée de capteurs en tant que telle n’est pas considérée en accès direct, mais lorsqu’elle déclenche une opération de maintenance, elle peut faire l’objet d’une demande de royalties.
Les consultants capables d’accompagner les projets industriels et de gestion dans le cloud ne sont pas encore assez nombreux, regrette aussi Gianmaria Perancin. Cela ne durera pas, car SAP lance le recrutement de 3 000 consultants et prévoit la reconversion de 2 000 autres consultants fonctionnels. Ces nouvelles compétences se focaliseront sur l’accompagnement des projets sur le terrain, l’équipe en charge des succès clients faisant en sorte que les entreprises tirent le plus de valeur possible des solutions mises en place.
Avec l’aide de ses partenaires, SAP France compte se renforcer d’un millier de nouveaux consultants par an. Une roadmap que l’USF vérifiera attentivement, car les sociétés de l’Hexagone comptent sur ce soutien pour moderniser leur production ou pour se lancer dans le cloud/edge computing de façon plus sereine.
Une plateforme hybride pour moderniser ses métiers
« La Business Transformation Platform a également pour but de pouvoir combiner la solution S4 Hana dans le cloud avec des développements d’automatisation de type low code / no code. Je ne vois pas de course panique pour migrer vers le cloud. La moitié des clients SAP ont déjà pris virage et l’autre moitié fonctionne toujours avec un progiciel sur site ; elle reste en attente d’éclairage et de support. S4 Hana est une migration ou une adoption nouvelle pour générer plus de marge ? En période de restriction budgétaire, la migration est envisagée, mais pas à n’importe quel prix » observe Gianmaria Perancin.
Selon lui, le secteur de la grande distribution reste très partagé, avec de fortes réticences à placer des données personnelles de clients dans le cloud d’AWS (Amazon Web Services). Les questions de conformité règlementaire, de gouvernance des données dans le cloud, de souveraineté dans un contexte d’émergence de Gaia-X et de réversibilité aboutissent inévitablement sur les critères de choix des prestataires cloud et sur la négociation des clauses de services contractuelles.
« A l’USF, on aime dire franchement aux managers de SAP ce qui va bien et ce qui ne va pas. Cette année, nos discussions ont été plutôt faciles, avec un bon esprit d’écoute et de construction. Nous bénéficions d’un bon alignement des planètes avec l’arrivée en 2018 de Gérald Karsenti comme PDG de SAP France, de Frédéric Chauvire en 2020 en tant que directeur général France et de Christian Klein, devenu CEO de SAP en 2019. Ils démontrent une écoute attentive des clubs d’utilisateurs et une envie d’aller au plus près de ce que ressent la communauté. »