Davantage de surveillance par drones, d’applications de terrain et de processus automatisés rythment les interventions de la Gendarmerie nationale, utilisatrice et contributrice d’outils libres.
« L’automatisation des processus est permise par plusieurs facteurs résultant d’un investissement consenti il y a une vingtaine d’années déjà », explique Arnaud Le Grignou, Chef d’Escadron responsable du domaine environnement de travail numérique de la Gendarmerie nationale.
Parc informatique homogène
Avec 80 000 postes de travail sous Linux – soit 90% de son parc informatique – la force publique retient essentiellement des briques libres dans son environnement de travail. Ce parc informatique, volontairement homogène, s’adapte à une architecture standardisée sur l’ensemble du territoire. Le référentiel des ressources humaines et de l’organisation est consolidé et mis à jour quotidiennement de manière automatique, à l’échelle de l’institution. Grâce à un socle composé d’outils open source, les processus et les outils de déploiement et de support sont maîtrisés en interne.
L’officier supérieur de sécurité intérieure de la direction générale de la Gendarmerie nationale cite en exemple Lemon LDAP::NG : « ce logiciel open source continue d’évoluer et rend très bien le service pour assurer l’authentification unique (Single Sign-On) ». Quant au programme OCS Inventory, il soutient la gestion du parc informatique et le déploiement de nouvelles applications ; la Gendarmerie nationale contribue activement à l’évolution de ces deux logiciels libres au sein de la communauté OW2.
Open hardware et drones à l’horizon
Concernant le matériel libre, « certaines expérimentations ont été menées, notamment autour de l’impression 3D. La présence de quelques imprimantes 3D a permis de réaliser des visières et des barrières anti-Covid à moindre coût et sans logistique importante au début de la crise sanitaire, retrace-t-il avant d’ajouter : pour la robotique, l’exemple le plus significatif est sans doute l’arrivée de drones offrant de nouvelles capacités de recherche et de surveillance. »
Le PSRI 2022 (Plan stratégique Recherche & Innovation) vise à assurer la sécurité des personnes et des biens par la maîtrise de sciences et technologies comme le drone, l’exosquelette, la robotique, l’IA ou l’impression 3D. Et avec les usages détournés en forte croissance, les défis numériques ne manquent pas. L’un d’eux consiste à prévenir la fabrication d’armes à feu par l’examen des pièces, des périphériques utilisés et par la classification des fichiers 3D. La détection de faux cachets de cire et d’étiquettes falsifiées contribue aussi à stopper le trafic de vins ordinaires vendus comme de grands crus.
« Les technologies de rupture ne peuvent et ne doivent pas s’imposer à la gendarmerie nationale. À l’inverse, les gendarmes doivent s’approprier ces technologies innovantes et en maîtriser les risques et les enjeux », résume-t-on au ministère de l’Intérieur.
Usages mobiles croissants
Après NEO (nouvel équipement opérationnel) sur smartphone ou tablette Secdroid (Android renforcé), le prochain poste nomade du gendarme cherche à combiner ergonomie, performances et sécurité.
« Le travail en mobilité nous oblige à consolider nos outils techniques et nos processus organisationnels », précise Arnaud Le Grignou. La demande de nouveaux logiciels et la maintenance évolutive des solutions s’appuient sur les solutions open source précitées. Mais l’équipe IT doit développer de nouveaux processus pour les usages nomades, consolider l’existant tout en préservant des boucles de décision aussi courtes que possible. Elle doit aussi garantir une agilité face aux situations et contextes de déploiement variés.
« Gérer la dette technique est un point essentiel. Il faut suivre les calendriers des mises à jour de manière à rester au plus près des versions majeures et des correctifs de sécurité », souligne-t-il.
Comment industrialiser au mieux ce volet de l’administration IT ?
« Cette étape est très automatisée. L’idée consiste à repérer une nouvelle version dans le calendrier, à la configurer puis à la qualifier à notre niveau, puis sur des périmètres utilisateurs de qualification. Nous avons ensuite la capacité de la déployer rapidement sur l’ensemble du parc en quelques jours. »
Pour maintenir une dette technique faible, un parc homogène composé de logiciels open source qui respectent les standards facilite les déploiements rapides à grande échelle et contribue à la sécurité du système d’information, conclut Arnaud Le Grignou.
Photo/Video Credit: Olivier Bouzereau et Gendarmerie nationale.