Le projet « Le bateau qui vole », dont l’objectif est d’exploiter en temps réel les données de navigation du trimaran Ocean Fifty Primonial pour le rendre plus rapide, mêle big data, IA et machine learning.
Tous les marins le savent, la gestion des données dans la course au large est un enjeu essentiel pour grignoter de précieuses minutes. Le cabinet de conseil en technologies Meritis et l’équipe du skipper Sébastien Rogues se sont associés pour lancer l’opération « Le bateau qui vole », qui devrait booster les performances du trimaran Ocean Fifty Primonial lors de la prochaine édition de la Route du Rhum.
Le projet a été initié pendant l’été 2019 : pour optimiser l’efficacité du bateau de 50 pieds, il s’agit de récolter, corréler et analyser les données renvoyées par des capteurs disséminés sur l’ensemble du trimaran. Un tableau de bord permettra à Sébastien Rogues de visualiser en temps réel les réactions du bateau en fonction de l’environnement auquel il est confronté (vitesse du vent, taille des vagues, courant, houle, conditions météorologiques, etc.) et ainsi adapter et optimiser ses décisions et ses actions lors de la course. L’enjeu est de passer d’une navigation de réaction subie, sensible aux perturbations, à une navigation d’anticipation souple et sécurisée, expliquent les spécialistes.
L’apport de la data et du machine learning
Au cœur du projet, la récolte puis l’analyse de données ont déjà fait l’objet de tests en grandeur nature. Une trentaine de capteurs ont fourni les données brutes liées à l’environnement du bateau placé en situation. Près de 1758 heures d’enregistrement et plus de 211 Go de données ont été analysées et retranscrites sous forme de statistiques relayées par un portail web. Les process de structuration des datas désormais en place, dès que de nouvelles données apparaissent, la plateforme détecte les changements, retravaille les informations, les trie, les nettoie, les corrige, puis les restitue de manière uniforme pour faciliter aux différents utilisateurs l’accès à une meilleure information.
Depuis le portail web de la plateforme, la sélection d’un segment d’entraînements ou de courses réalisés par le skipper restitue sur une carte virtuelle l’évolution des variables en mode replay. On voit alors le bateau évoluer selon des paramètres changeants tels que les vitesses de vents, le cap, ou encore les angles d’inclinaisons. Cet outil est appelé à enrichir son contenu d’ici la fin de l’année, avec plus de visuels, de graphiques et de fonctionnalités établis selon les besoins du skipper. En parallèle, la phase de R&D se poursuit autour de la performance du trimaran. Elle s’appuie sur des études de données pour déterminer la vitesse optimale selon l’angle et la force du vent ou analyser l’effet de la houle ou encore l’impact du pilotage automatique sur la navigation.
Vers l’analyse en temps réel sur l’édition 2022 de la Route du Rhum
En vue de la préparation du trimaran à la prochaine Route du Rhum, le projet doit prendre vie en octobre 2021, à l’occasion de la Transat Jacques Vabre. La retranscription des données ne se fera alors plus en différé mais en temps réel sur une application mise à la disposition du skipper. À partir du flux de données récupéré, des analyses en temps réel seront proposées à Sébastien Rogues, qui pourra anticiper chaque action en fonction des conditions de navigation. « Il s’agit d’un projet totalement inédit par sa nature et son ambition. Nous sommes en train de créer à partir de l’inexistant une technologie qui va nous permettre de communiquer avec notre bateau, de le comprendre et interagir avec lui pour pousser bien plus loin ses performances », se réjouit le skipper de l’Ocean Fifty Primonial.
Les développements effectués depuis un peu plus d’un an et demi permettront d’assister le skipper dans ses choix stratégiques grâce à une aide à la décision sur les meilleurs paramétrages du bateau, de l’alerter en cas de dégradation des performances et d’ajuster les paramètres existants du pilotage grâce à une navigation plus souple et plus intelligente, indiquent les responsables du projet.