Opération chirurgicale la plus fréquente dans le monde, la cataracte méritait bien un robot dédié. La startup Keranova devrait commercialiser ses premières unités d’ici la fin de l’année, pour ensuite s’attaquer à la myopie et à l’astigmatisme.
Créée en 2016 et basée à Saint-Etienne, la jeune pousse Keranova conçoit un robot qui sera capable de réaliser l’opération de la cataracte à 80 % de manière automatisée. Avec 25 millions d’opérations par an dans le monde (dont 800 000 en France), la cataracte est l’intervention chirurgicale la plus fréquemment pratiquée.
Le robot de Keranova sera équipé d’un laser modifié en faisceau multi-spots et ultra rapide. Venant se positionner au-dessus de l’œil du patient, le bras du robot sera capable d’opérer la cataracte en moins d’une minute, en automatisant 80% de l’opération, sans intervention humaine mais sous la surveillance d’un chirurgien.
11 brevets déposés et près de 30 millions d’euros levés
Les innovations de Keranova sont protégées par pas moins de 11 familles de brevets. Et depuis sa création, la startup a réalisé deux tours de table, levant près de 30 millions d’euros au total. Après un premier tour de table en 2016 (4 millions d’euros), un second tour de financement de 24 millions d’euros a été effectué en 2019, sous l’impulsion de ses actionnaires historiques Mérieux Equity Partners et Supernova Invest, rejoints notamment par Financière Arbevel, Tourrette Investissement et d’autres partenaires internationaux.
Ces fonds lui ont permis d’accélérer le développement de ses technologies et de travailler à l’obtention des autorisations réglementaires nécessaires à la commercialisation de sa solution. Après la réalisation d’études cliniques, le processus réglementaire d’obtention du marquage CE en Europe a pris le relais. Autre objectif poursuivi par la jeune pousse : l’approbation de la FDA aux États-Unis. Keranova prévoit de commercialiser ses premiers robots fin 2021.
Outre la cataracte, Keranova a l’intention ensuite de commercialiser ses équipements pour couvrir d’autres besoins en termes d’interventions ophtalmologiques, notamment ceux des troubles réfractifs (myopie, astigmatisme).
Une innovation issue d’un laboratoire universitaire
Son fondateur, Fabrice Romano, vétérinaire de formation spécialisé en ophtalmologie, a eu l’idée de lancer cette entreprise alors qu’il assistait à une manipulation au sein du laboratoire d’ophtalmologie universitaire rhône-alpin BiiGC (Biologie, Ingénierie et Imagerie de la Greffe de Cornée).
Le BiiGC a été créé au sein de l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne par Philippe Gain, son actuel directeur, qui est aussi chef du service d’ophtalmologie au CHU de Saint-Étienne, et le professeur Gilles Thuret, membre de l’Institut Universitaire de France. Le BiiGC est à l’origine de deux innovations majeures. L’une sur la conservation des greffes de cornée. L’autre sur la chirurgie de la cataracte. Des avancées qui ont donné naissance à une spin-off (Sincler) et à une start-up : Keranova.
A noter que Keranova vient d’être sélectionnée dans la promotion 2021 du French Tech120 qui intègre les startups françaises les plus prometteuses. Le programme French Tech 120 permet aux heureuses élues de bénéficier d’un accompagnement prioritaire dans leurs relations avec les administrations et services publics français.